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Épisode 3 : Quilt Show

"L'entrée est libre pour les maris," dit-elle.

"Je ne suis plus libre depuis que je me suis marié avec toi," dis-je.

"Tu économiseras quatre dollars," dit-elle.

"Et que vas-tu acheter avec les quatre dollars que j'aurai économisé ?" demandai-je.

"Je n'ai pas prévu d'acheter quoi que ce soit. J'ai juste prévu de regarder."

"J'ai déjà entendu cette chanson," dis-je.

"Je vais juste aller regarder des quilts. Il n'y a rien à payer pour les maris des patcheuses."

"Ça pourrait être du sexisme," dis-je. "Que se passe-t-il si le mari fait du patchwork ? Est-ce que sa femme a une entrée gratuite ?"

"Tu pourrais poser la question lorsque nous serons là-bas," dit-elle.

"Cela signifie que je t'accompagne à l'exposition de quilts."

"Bien deviné !"

Et ainsi, sans savoir si je tenais vraiment à voir une quantité de couvertures fait maison, je suis parti pour l'exposition proposée par les "Cotton Patch Quilters". J'attendis à l'entrée pendant qu'elle payait son ticket. Pour moi, c'était gratuit. Je jetai un coup d'œil furtif dans le vaste hall pour voir à quoi j'avais droit gratuitement. Je vis plein de quilts. Je vis environ soixante millions de quilts. Je me tournai pour m'enfuir, mais elle m'attrapa et me ramena. "Tu y survivras," dit-elle, me tenant fermement, essuyant la sueur de mon front, me réconfortant. "Tout ira bien," dit-elle en m'entraînant à l'intérieur.

"Il y a trop de quilts," dis-je, lorsque je repris mon souffle et fus capable de parler à nouveau.

"Voilà pourquoi nous sommes là, pour voir des quilts," expliqua-t-elle.

"Aurai-je à les regarder tous ?"

"Chacun," dit-elle.

"Très bien, mais je ne regarderai pas tous les points," dis-je, espérant l'empêcher de me demander d'examiner chaque quilt comme elle allait le faire.

Et effectivement, elle ne manqua pas de les examiner. Devant le premier quilt, quelque chose de recouvert avec de grands points blancs, elle scruta chaque carré, chaque bande, chaque bloc, chaque point. Elle enfila le gant en plastique qu'elle avait reçu à l'entrée (comme j'ai eu une entrée gratuite, je n'ai pas eu de gant), et tourna le coin du quilt pour voir l'arrière. J'ai regardé le petit signet sur le mur à côté du quilt. Le quilt était appelé "Quilt Boule de Neige". Je n'ai vu aucune neige, ni senti de froid. Je n'ai vu ni boule de neige, ni bonhomme de neige. Tout ce que j'ai vu, c'était un très grand motif avec plein de points blancs.

"Je ne serai jamais capable de faire ça," dit ma Chère Épouse en se relevant après s'être courbée pour examiner le bas du quilt.

"Que fais-tu sur le sol ?" demandai-je poliment. Elle devait avoir une réponse.

"Je regarde le biais," dit-elle. Elle enleva la poussière de ses genoux.

"Ne pouvais-tu pas regarder le biais sur les côtés ?" 

"Je dois tout voir," dit-elle.

"Prendras-tu autant de temps pour chaque quilt ?" demandai-je. Cela faisait dix minutes que nous étions devant ce quilt.

"J'apprends à quilter, " dit-elle. "Je dois regarder chacun d'entre eux."

"Est-ce que moi je dois regarder chaque quilt ?"

Elle ne répondit pas. Elle alla au quilt suivant. "C'est un patchwork en Log Cabin (cabane de rondins)," dit-elle.

"Je ne vois pas de cabanes." Je regardai moi aussi attentivement.  Ni cabanes de rondins, ni davantage de maisons construites en paille ou en briques.

"J'aurais dû te laisser à la maison," dit-elle.

"Je ne fais que m'intéresser à ton hobby !" dis-je. Cela n'allait pas devenir son hobby. Si elle faisait un quilt, cela allait devenir sa vie. Coudre des habits pour le petit-fils nouveau-né était devenu sa vie. Coudre des vêtements lorsque les bébés commencèrent à marcher devint sa vie. Coudre des habits lorsqu'ils furent en âge d'aller à l'école devint sa vie.

"Celui-ci est quilté à la machine," dit-elle.

"Je croyais que les quilts étaient faits par quatre-vingt femmes assises autour d'une table avec du fil et une aiguille lors des longues soirées d'hiver."

"Ce quilt est magnifique," fut toute sa réponse, ce qui signifiait qu'il valait mieux que je garde la bouche close ou elle allait y enfourner le quilt entier.

Le quilt suivant était magnifique. Le motif, le modèle, les couleurs, l'exécution parfaite impressionnèrent même le rabat-joie que j'étais. 

"Je m'en vais," dit-elle.

"Tu veux partir ? Après seulement trois quilts ?" Je ne pouvais pas la croire. Qu'avais-je pu dire pour la contrarier ?

"Je ne serai jamais capable de faire ça," dit-elle, la voix tremblante.

"Plus tard," dis-je, essayant de l'encourager. "Tu ne fais que commencer."

"Je n'ai pas le temps. J'ai toutes ces autres choses à coudre."

"Tu peux les mettre de côté le temps de faire un quilt. Et s'il te faut plus d'une journée pour le réaliser, tu peux bien y passer un week-end. Plus tard, tu feras mieux et plus vite."

"Ce quilt a été fait en plus d'un week-end."

"Eh bien, il est magnifique. Tu t'arrêteras de coudre tes autres choses pendant une semaine pour faire un patchwork."

Elle ne répondit pas. Elle montra du doigt l'étiquette accompagnant le quilt. "Il a fallu quatorze ans pour faire ce quilt," dit-elle.

"Ah ! tu me fais marcher ?" Elle me jeta un regard. "Tu ne plaisantes pas ? Quatorze ans ? Un quilt a pris quatorze ans ? Tu vas passer quatorze années sur un patchwork ?" Je pouvais me l'imaginer enfermée dans sa chambre pour quatorze années. Je me voyais lui apporter à manger et de l'eau et plus de tissus, plus de fils, des lames de cutter rotatif de rechange, des rouleaux de molleton.

"Je ne vais pas y passer quatorze ans," dit-elle avec un soupir. "D'ailleurs, celui-ci est entièrement quilté à la main. Moi je vais utiliser ma machine."

"Alors combien de temps cela te prendra-t-il si tu utilises ta machine ?" Mes cheveux seront-ils gris alors ? Me restera-t-il seulement des cheveux lorsqu'elle aura fini ?

"Eh bien, j'ai vu cette cassette, 'Quilté en un jour.'"

"Un jour ? Très bien !"

"C'est un magnifique quilt, parfait," dit-elle en se détournant du chef-d'œuvre. "Nous ne devrions pas passer autant de temps devant un quilt. Allons voir les autres."

"Nous pourrions ne regarder que les quilts d'un jour," dis-je. 

"Nous les regarderons tous," dit-elle. "Chaque point."

Et c'est ce que nous fîmes. Oh oui, nous l'avons fait ! Et hier, elle a commencé son premier cours. Quelque chose à propos de patchwork avec des boules de neige. Ça m'a fait froid dans le dos. 

Copyright 1998 by A.B. Silver pour la version originale en anglais.
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