Popser 9
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Épisode 9 : Molletons

"Je vais devoir apprendre ce qu'est le molleton," dit-elle.

"Du molleton pour ton quilt ?" demandai-je.

"Trois sortes," dit-elle.

"Trois sortes de molleton ?"

"Quatre onces (113 g), six onces (170 g), et dix onces (283 g)," dit-elle.

"Fin, gros et très gros ?"

"Oui. La Maison des Tissus fait des soldes aujourd'hui."

"Et nous allons faire les soldes ?"

"Absolument."

Ainsi nous sommes sortis pour acheter du molleton.

Suivent quelques lignes intraduisibles (du moins par un amateur comme moi), avec des jeux de mots entre "batting" : molleton  et le même mot utilisé au base-ball, puis entre "batting" et "bunting": molleton pour faire un sac de couchage avec capuchon pour les bébés (?) et une comptine difficile à traduire aussi ... voir le texte original pour les anglophones !

Je conduisis et nous arrivâmes à la Maison des Tissus, et nous nous rendîmes dans le coin du magasin où les molletons étaient en solde. Il y avait plusieurs bacs avec plusieurs rouleaux de molleton dans chacun. "Sais-tu pourquoi on appelle le molleton du molleton ?" demandai-je.

"Tu sais pourquoi ?"

"Je suis l'Époux d'une Couturière," dis-je. "Je suis censé savoir cela."

"Très bien," dit-elle, en se prenant au jeu. "Pourquoi appelle-t-on le molleton du molleton (batting en anglais) ?"

"Eh bien, il aurait même pu s'appeler "beating" (to beat = battre)," dis-je. "Mais je n'en suis pas sûr."

"J'attends," dit-elle en s'approchant d'un des bacs. Le rouleau de molleton était plus grand qu'elle et trois fois plus large.

"Les gens battaient le coton pour le nettoyer."

"Es-tu sûr ?" Elle luttait avec le large rouleau de molleton. Je le saisis et le sortis du bac.

"Je ne suis sûr de rien sinon qu'il y a là une énorme quantité de molleton. De combien as-tu besoin ?"

"Quinze pouces (40 cm) de chaque épaisseur," dit-elle. "Mais je vais en prendre un yard (92 cm) de chaque."

"Juste au cas où ?" demandai-je. C'était là sa raison pour acheter davantage de tout ce qu'elle avait besoin. Si elle avait besoin d'une épingle à quilter, elle en achèterait 250. Juste au cas où.

"Tu crois que je devrais en acheter 2 yards ?" répondit-elle.

"Je pense qu'un yard fera l'affaire pour cette semaine," dis-je. Elle savait de quel magasin il s'agissait, quelles étaient les heures d'ouverture, et où se trouvait chaque chose.

J'attrapai le rouleau de molleton. Tout ce que j'avais à faire maintenant, c'était de le porter vingt mètres plus loin, sur la table de coupe. Ce n'était pas lourd. C'était encombrant. Je fis mon chemin le long de ces vingt mètres. Je ne cognai que deux étagères, un étalage d'articles de quilting, et une rangée de coupons de tissus. Derrière moi le sol était jonché. Ma Chère Épouse était juste derrière moi, ramassant et replaçant chaque chose et remettant les étagères chancelantes dans leur état normal.

"Un yard," dis-je à la vendeuse amusée qui se tenait derrière la table de coupe.

"Vous auriez pu l'acheter dans un emballage plus petit," dit-elle gentiment.

"Est-il aussi en solde ?" demandai-je.

"Non."

"Un yard," dis-je. J'en avais déjà assez pour aujourd'hui

Lorsqu'elle eut coupé le yard, je soulevai le rouleau de molleton et m'acheminai précautionneusement vers les bacs de molleton. Cette fois, Chère Épouse me guida prudemment dans le dédale de rayons et d'étagères de tissus. Je ne renversai qu'un petit étalage de cutters rotatifs. Je remis le rouleau de molleton à sa place et saisis le second rouleau.

Dix minutes plus tard, après avoir seulement bousculé une dame distraite en tournant à un coin avec le rouleau de 10 onces de molleton, nous avions le molleton enroulé dans des sacs en plastique et étions sur le chemin du retour.

"Sais-tu ce que tu vas faire de ce molleton ?" demandai-je.

"Je m'en servirai lors de mon cours de quilting machine le mois prochain."

"Le mois prochain ? Et tu as tout ce qu'il te faut maintenant ?" demandai-je. Si ce n'est maintenant, quand donc ?

"Je pense," dit-elle, et elle sortit la liste de deux pages du matériel nécessaire pour ce cours. Elle lut pendant un moment. "Oh oh," dit-elle.

"Oh oh comme si tu avais oublié quelque chose, " demandai-je, "ou oh oh comme si tu avais sommeil ?"

"J'ai acheté le mauvais molleton," dit-elle.

"Continue."

"Il faut trois différentes qualités de molletons, pour pouvoir comparer les qualités. Pas trois épaisseurs différentes." Elle n'était pas désolée, ni préoccupée au fond. Elle ajouterai le molleton à sa réserve de "Un jour". Il y en avait plein la maison. Si elle ne les utilisait pas aujourd'hui, et bien, alors, peut-être un jour.

"Tu veux y retourner maintenant ?" demandai-je alors que je remontai notre allée.

"Ça t'embête ?"

"Non, bien sûr que non. Après tout, le mois prochain sera là dans trente jours."

Copyright 1998 by A.B. Silver pour la version originale en anglais.
Toute reproduction est interdite sans la permission de l'auteur.

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